Istanbul

En elle revivent Byzance, Constantinople et les sultans ottomans, de part et d’autre d’un chenal versant entre l’Orient et l’Occident.

Le Bosphore, tout un symbole à la charnière entre deux mondes, lui confère une bipolarité plaisante, et des histoires de conquêtes fascinantes. Aujourd’hui, les vapurs (ferries) ont rejoint les gros navires marchands, battant quotidiennement pavillon sur le détroit, entre mer Noire et mer de Marmara. Sous tous les vents, touristes et Stambouliotes naviguent entre deux rives, arborant chacune une culture et un patrimoine qui lui est propre.

À tribord, la rive asiatique héberge le tiers de la population, qui gravite dans un décor de palais du XIX^e siècle, celui d’Uskudar et du cosmopolite Kadiköy. À bâbord, la tour génoise de Galata s’élève tel un phare sur l’Istanbul moderne, sur la rive européenne, au nord de la Corne d’Or. L’endroit idéal pour sentir le pouls de la ville, rencontrer les habitants aux terrasses des cafés branchés, alterner virée shopping et pause sur les places animées des différents quartiers de Beyoglu. Tentaculaire, l’emblématique place Taksim ruisselle d’artères grouillantes, mais c’est à pied ou en tramway rétro que l’on serpente sur l’immense Istiklal Caddesi, avant de retrouver Galata sur sa colline, repaire de créateurs, artistes et spots underground. En face, dans les ruelles du Stamboul historique, d’autres forces sont à l’œuvre sous les ouvrages monumentaux : les artisans dans les échoppes et le chant des minarets plongent le spectateur dans l’ambiance séculaire des anciennes civilisations.

Par delà le pont de Galata, qui enjambe la Corne d’Or dans le brouhaha des pêcheurs et des restos, l’Istanbul historique évoque une Turquie d’un autre temps. Les badauds s’y pressent pour assister au face à face entre Byzance et Constantinople, éminemment incarné dans le quartier Sultanhamet. La basilique Sainte-Sophie tint son rang de plus grand monument de la chrétienté pendant mille ans. Saint-Pierre-de-Rome la détrônera au XVII^e siècle. Vitrine de la facture byzantine, sertie d’ors et de mosaïques, sa splendeur n’a d’égale que celle de la mosquée Bleue qui la regarde dans le blanc des yeux. Le sud de la Corne d’Or vous dévoilera bien des sites fabuleux – Citerne-Basilique, palais de Topkapi, parc de Gulhane, musées – mais c’est encore dans les petits et Grand Bazar que s’expriment le mieux les traditions, légendes, et savoir-faire des vieux Stambouliotes.